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Une fleur au riche passé médicinal
L’histoire de la camomille matricaire est aussi ancienne que celle des civilisations. Déjà utilisée dans l’Égypte antique, elle était dédiée au dieu Rê, symbole du Soleil, et servait à soigner fièvres et douleurs.
Les Grecs et les Romains la recommandaient pour soulager les troubles digestifs, les inflammations et les douleurs menstruelles. Le médecin grec Dioscoride la mentionne dans son ouvrage de référence De Materia Medica, soulignant sa capacité à apaiser l’organisme.
Au Moyen Âge, la camomille fait son entrée dans les jardins de simples, ces potagers médicinaux des monastères où les plantes étaient cultivées à des fins curatives. Elle devient rapidement un remède incontournable pour calmer les nerfs, favoriser le sommeil et soulager les maux de ventre.
Les bienfaits de la camomille matricaire
La camomille matricaire est réputée pour sa douceur, mais ses bienfaits sont puissants. Elle est avant tout antispasmodique, c’est-à-dire qu’elle calme les contractions involontaires des muscles. Elle est donc particulièrement utile en cas de crampes digestives, de coliques, de ballonnements ou de douleurs menstruelles.
Elle possède également une action anti–inflammatoire importante. En usage interne, elle apaise les inflammations du système digestif (gastrite, intestin irritable) et, en usage externe, elle soulage les irritations cutanées, les eczémas, les conjonctivites légères ou encore les piqûres d’insectes. Son huile essentielle, très concentrée, est utilisée en cosmétique naturelle pour calmer les peaux sensibles et réactives.
Mais l’un des effets les plus connus de la camomille matricaire est son action sédative légère. Elle calme les tensions nerveuses, favorise l’endormissement, apaise les troubles de l’humeur et peut être donnée en toute sécurité aux enfants en cas de nervosité ou de sommeil agité. C’est une alliée précieuse en période de stress, d’anxiété ou de surcharge émotionnelle.
Enfin, elle possède des propriétés carminatives, antifongiques et légèrement analgésiques. Elle est donc utile dans une large gamme de petits maux du quotidien, ce qui explique son statut de plante universelle dans les médecines traditionnelles européennes.
Pourquoi la camomille matricaire est-elle liée à la maternité ?
Son nom matricaria évoque clairement la matrice, c’est-à-dire l’utérus. Elle a longtemps été utilisée par les sages-femmes pour accompagner les femmes à toutes les étapes de la vie : douleurs menstruelles, accouchements, retour de couches, ménopause.
Son action antispasmodique, combinée à son effet calmant, en fait une plante de prédilection pour les troubles gynécologiques légers. Elle est également utilisée pour calmer les nourrissons, ce qui renforce son lien avec la maternité.
La camomille matricaire en médecine antique
Oui, les écrits d’Hippocrate, de Dioscoride ou de Galien mentionnent la camomille comme un remède aux fièvres, aux troubles digestifs et aux inflammations. On la prescrivait en décoction, en cataplasme ou en huile.
Elle faisait partie des plantes de base des herboristes grecs et romains, et sa réputation n’a cessé de croître au fil des siècles. Elle est restée un pilier des pharmacopées médiévales et figure encore aujourd’hui dans de nombreuses médecines traditionnelles.
Comment se cultive la camomille matricaire ?
Autrefois, la camomille matricaire était principalement cultivée dans les jardins de simples, ces potagers où l’on faisait pousser des plantes médicinales pour un usage domestique. Les graines étaient semées directement en pleine terre, généralement au printemps ou en fin d’été, dans un sol léger, bien drainé et exposé au soleil. Comme la plante est rustique, elle ne demandait pas beaucoup d’entretien, à part quelques arrosages si le climat devenait trop sec.
Les anciens jardiniers laissaient souvent certaines fleurs monter en graines pour qu’elle se ressème naturellement d’année en année. Ils récoltaient les fleurs à la main, généralement le matin, lorsque leurs propriétés étaient les plus concentrées. Séchées à l’air libre, à l’ombre et dans un endroit bien ventilé, elles étaient ensuite conservées dans des sacs en tissu ou des bocaux pour être utilisées en tisanes, cataplasmes ou bains.
L’herboristerie, c’est prendre le mal à la racine, mais le plus important c’est de ne pas se planter !
- Paul Sammut, Docteur en Pharmacie & Herboriste