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Qu’est-ce qu’un macérât huileux de millepertuis ?
Avant de rentrer dans la pratique, il est important de comprendre ce qu’est réellement un macérât huileux. Il s’agit d’une préparation naturelle qui consiste à faire infuser une plante dans une huile végétale pendant plusieurs semaines, afin d’en extraire lentement les principes actifs liposolubles. À la différence d’une huile essentielle, le macérât n’est pas obtenu par distillation et il reste très doux, sans contre-indication particulière s’il est bien utilisé.
Le millepertuis (Hypericum perforatum) est une plante remarquable pour ce type de préparation. Ses fleurs contiennent un pigment rouge, l’hypéricine, ainsi que de nombreuses molécules aux propriétés anti-inflammatoires, cicatrisantes et légèrement analgésiques. Lorsqu’on fait macérer les sommités fleuries dans une huile végétale de qualité, on obtient une huile d’un rouge profond et d’une efficacité redoutable contre les inflammations cutanées et musculaires.
Comment faire du macérât de millepertuis ?
Venons-en à la question centrale : comment faire du macérât de millepertuis chez soi. La première étape est évidemment la cueillette. Le millepertuis fleurit généralement autour de la Saint-Jean, entre la fin juin et le début juillet, en fonction des régions. On le reconnaît facilement à ses petites fleurs jaunes étoilées et à ses feuilles percées de minuscules points translucides quand on les regarde à contre-jour.
On récolte uniquement les sommités fleuries, c’est-à-dire les fleurs et un petit bout de tige. Il est préférable de cueillir le matin, une fois que la rosée s’est évaporée, par temps sec et ensoleillé. Cela garantit une plante saine, sans excès d’humidité, ce qui est essentiel pour la réussite de la macération.
Une fois la récolte faite, laissez les fleurs reposer pendant 24 à 48 heures à l’ombre, sur un linge propre, pour les faire légèrement faner. Ce temps de repos permet à la plante de perdre une partie de son eau, ce qui évite les fermentations ou le développement de moisissures pendant la macération.
Placez ensuite les fleurs dans un bocal en verre propre, de préférence stérilisé. Remplissez le bocal sans tasser, puis versez votre huile végétale par-dessus jusqu’à recouvrir complètement les fleurs. Fermez le bocal sans le visser trop fort et exposez-le à la lumière naturelle pendant environ trois semaines. Le soleil doux va aider à libérer les actifs de la plante sans les dénaturer.
Chaque jour, pensez à secouer doucement le bocal pour bien répartir les composés extraits et surveillez l’apparition éventuelle de bulles ou de moisissure. Si tout se passe bien, l’huile prendra une teinte rouge foncé caractéristique. C’est le signe que la macération a bien fonctionné.
Comment puis-je transformer le millepertuis en remède maison ?
Transformer le millepertuis en remède naturel, c’est précisément ce que permet le macérât huileux ! Une fois la macération terminée, il vous suffit de filtrer soigneusement l’huile à l’aide d’un tissu propre ou d’un filtre à café. Transvasez le tout dans une bouteille en verre teinté, étiquetée avec le nom de la plante et la date de fabrication. Cette huile pourra être utilisée pendant environ un an si elle est conservée à l’abri de la lumière et de la chaleur.
Ce macérât peut être appliqué pur sur la peau, en massage sur les zones tendues, les muscles douloureux, les articulations sensibles ou encore sur des brûlures légères. Il est également très efficace pour calmer les rougeurs, réparer une peau échauffée par le soleil ou même favoriser la cicatrisation des petites plaies. Attention cependant, le millepertuis est photosensibilisant, ce qui signifie qu’il ne faut pas exposer la zone traitée au soleil après application.
Comment préparer un macérât huileux sans rater les étapes ?
Préparer un macérât huileux de millepertuis repose sur trois piliers essentiels : la qualité de la plante, la qualité de l’huile et le respect du temps de macération. Rien ne sert de précipiter le processus ou de vouloir le raccourcir. Ce que l’on cherche ici, c’est une extraction lente et complète des actifs, dans un environnement sain et lumineux.
Ne vous découragez pas si la première fois n’est pas parfaite. Il arrive que certaines macérations tournent, surtout quand il y a trop d’humidité résiduelle dans la plante. Avec un peu de pratique et de soin, on affine ses gestes et on développe une vraie sensibilité aux plantes. C’est aussi cela, l’art de la phytothérapie maison.
Quelle huile pour millepertuis ?
Plusieurs options sont possibles, mais toutes ne se valent pas. L’huile de tournesol est souvent choisie pour son bon rapport qualité-prix, sa texture légère et sa stabilité. Elle est parfaite pour une macération solaire, car elle ne rancit pas trop vite. L’huile d’olive, elle, donne un macérât plus riche, légèrement plus gras mais très nourrissant. Elle est excellente pour les peaux sèches et les massages profonds. L’huile de sésame est une autre alternative intéressante, notamment si l’on souhaite une huile plus pénétrante.
Dans tous les cas, choisissez une huile vierge, biologique et de première pression à froid. C’est indispensable pour obtenir un macérât actif, stable et respectueux de la peau.
Une préparation ancestrale à la portée de tous
Faire son propre macérât huileux de millepertuis est une expérience à la fois simple et profondément enrichissante. C’est une manière de renouer avec les gestes d’autrefois, de se rapprocher du rythme des saisons et d’apprendre à écouter ce que la plante a à nous offrir. Il n’y a pas besoin de laboratoire sophistiqué ni de matériel complexe. Un bocal, une huile de qualité, une plante bien récoltée, un peu de patience et surtout de l’attention suffisent.
Le résultat, c’est une huile rouge intense, vibrante, puissante, que l’on peut utiliser pour soi, pour ses proches, pour soigner ou simplement pour prendre soin. C’est une préparation vivante, pleine d’énergie solaire, qui trouve naturellement sa place dans toute routine de soins naturels ou de premiers secours.
Et surtout, n’oubliez pas que chaque macérât est unique. Il reflète la main qui l’a préparé, la terre où la plante a poussé et le temps qu’on lui a accordé !
L’herboristerie, c’est prendre le mal à la racine, mais le plus important c’est de ne pas se planter !
- Paul Sammut, Docteur en Pharmacie & Herboriste
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