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Une racine qui a conquis les civilisations
L’histoire de la réglisse commence en Mésopotamie, il y a plus de 4000 ans. Des tablettes sumériennes évoquent déjà une racine appelée « glycyrrhiza », signifiant en grec « racine douce ». En Égypte ancienne, elle était utilisée à des fins médicinales et rituelles : on a retrouvé des extraits de réglisse dans la tombe de Toutankhamon, signe de son importance dans les préparations funéraires et les potions de l’au-delà.
Dans la médecine traditionnelle chinoise, la réglisse est considérée comme une plante harmonisante, présente dans près de 70 % des formules médicinales. Elle y est vue comme un médiateur des énergies, capable de relier les autres plantes et d’adoucir leurs effets. Les Grecs et les Romains l’utilisaient aussi pour les maux de gorge et les ulcères, tout comme les moines du Moyen Âge.
Ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’elle commence à être utilisée en confiserie, avec les premières pastilles de réglisse.
Un concentré de douceur thérapeutique
Ce n’est pas la tige ni la feuille que l’on consomme chez la réglisse, mais bien sa racine. Celle-ci contient une molécule active appelée glycyrrhizine, au pouvoir sucrant 50 fois supérieur à celui du sucre. Mais loin d’être un simple édulcorant naturel, la réglisse est surtout une plante médicinale polyvalente.
Elle est avant tout anti-inflammatoire, particulièrement au niveau digestif. Elle agit comme un pansement sur les muqueuses irritées de l’estomac, aidant à la cicatrisation des ulcères gastriques et à la réduction des brûlures d’estomac. Son action protectrice est renforcée par la présence de flavonoïdes et d’antioxydants naturels qui participent à la régénération cellulaire.
La réglisse est également expectorante et antitussive. Elle fluidifie les sécrétions bronchiques et aide à leur expulsion, tout en calmant la toux sèche. C’est pourquoi on la retrouve dans de nombreux sirops et infusions destinés aux affections respiratoires.
Autre atout majeur : son effet adaptogène. La réglisse aide l’organisme à mieux gérer le stress et les états de fatigue chronique en soutenant les glandes surrénales. Elle est donc utile en cas de fatigue prolongée, de surmenage ou d’efforts physiques et mentaux intenses.
Enfin, la réglisse possède des propriétés antivirales et antimicrobiennes intéressantes, notamment contre certains virus comme l’herpès. Elle stimule également légèrement l’immunité et peut être utilisée en prévention pendant les périodes d’épidémie.
La réglisse noir a-t-elle influencé la pharmacopée européenne ?
Oui, elle était présente dans les codex pharmaceutiques dès le Moyen Âge. En Europe, on la trouvait dans les préparations pour pastilles contre la toux, sirops pour la gorge, mais aussi dans certaines potions digestives. Les apothicaires médiévaux l’utilisaient aussi pour masquer l’amertume d’autres plantes dans les décoctions complexes. Elle a également été incluse dans la célèbre thériaque, un remède aux multiples ingrédients utilisé pendant des siècles.
Pourquoi les anciens médecins recommandaient-ils la réglisse ?
Hippocrate, Galien et Dioscoride recommandaient tous la réglisse pour ses effets bénéfiques sur les affections pulmonaires, les troubles de la voix et les maux d’estomac.
Elle figurait dans presque toutes les pharmacopées anciennes pour sa capacité à apaiser sans alourdir, à sucrer sans nuire, et à guérir avec douceur. C’était une des rares plantes à la fois médicinale, agréable au goût et efficace sur plusieurs plans.
L’herboristerie, c’est prendre le mal à la racine, mais le plus important c’est de ne pas se planter !
- Paul Sammut, Docteur en Pharmacie & Herboriste
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