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La sauge dans l’histoire : herbe sacrée et protectrice
La sauge est une plante méditerranéenne par excellence. Les Égyptiens lui attribuaient des propriétés de fertilité, les Grecs l’associaient à la clarté mentale, et les Romains l’honoraient à travers des rituels de cueillette empreints de respect. Elle figurait dans le jardin de toutes les apothicaireries du Moyen Âge et faisait partie de la fameuse « tisane des quatre fleurs », censée purifier l’organisme et l’esprit.
Dans de nombreuses traditions, la sauge est également considérée comme une plante protectrice. Les Amérindiens brûlaient la sauge blanche (Salvia apiana) en fumigation pour purifier les lieux et les âmes. En Europe, la sauge officinale occupait une place centrale dans les rites de passage, les soins des femmes et les pratiques médicinales populaires.
Les bienfaits thérapeutiques de la sauge
La sauge est une plante aux multiples vertus, bien documentées par la science moderne. Elle est d’abord connue pour ses effets sur le système hormonal féminin. Elle aide à réguler les cycles menstruels, soulage les douleurs liées aux règles et atténue les symptômes de la ménopause, notamment les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes. Cette action est due à sa richesse en phytoestrogènes, qui agissent comme des régulateurs hormonaux naturels.
Sur le plan digestif, la sauge est une plante carminative, c’est-à-dire qu’elle aide à éliminer les gaz intestinaux. Elle stimule également la production de bile, facilitant ainsi la digestion des graisses. Une infusion de sauge après un repas copieux est un excellent remède contre les lourdeurs et les ballonnements.
Elle possède aussi des propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes et antibactériennes. En gargarisme, elle est particulièrement efficace pour soulager les maux de gorge, les aphtes, les gingivites ou les douleurs dentaires. En usage externe, elle peut être utilisée en compresses sur les plaies, les piqûres d’insectes ou les zones douloureuses.
L’huile essentielle de sauge officinale est puissante, mais doit être utilisée avec précaution en raison de sa concentration en thuyone, une molécule neurotoxique à forte dose. En revanche, l’huile essentielle de sauge sclarée, plus douce, est souvent privilégiée pour les troubles hormonaux et l’équilibre émotionnel.
Pourquoi la sauge est-elle liée à la sagesse ?
Le nom même de la sauge, qui vient de salvus (sain, en bonne santé) et sapientia (sagesse), en dit long sur la manière dont elle était perçue. Plante de la connaissance, elle était souvent associée aux philosophes et aux guérisseurs. Dans l’Antiquité, on disait que boire une infusion de sauge ouvrait l’esprit, clarifiait la pensée et éveillait l’intuition. Elle était donc autant utilisée pour soigner le corps que pour nourrir l’esprit. Dans les traditions populaires, on prêtait à la sauge la capacité de développer la lucidité, d’écarter les illusions et de guider les décisions importantes. On en plaçait parfois sous l’oreiller pour avoir des rêves prophétiques ou apaisants.
La sauge, une plante sacrée
Oui, la sauge est l’une des plantes les plus sacrées de nombreuses traditions à travers le monde. Chez les Romains, elle était cueillie selon un rituel très strict, sans outils métalliques et après une purification rituelle du cueilleur. Elle était considérée comme un don des dieux, un symbole de santé et de longévité. Dans les traditions amérindiennes, une autre variété de sauge, la white sage, est brûlée lors des cérémonies de purification. La fumée de la sauge est censée éloigner les énergies négatives, purifier les lieux et favoriser l’harmonie spirituelle. Cette dimension sacrée traverse les âges et les continents, témoignant de la profonde résonance symbolique de cette plante.
La sauge a joué un rôle dans la médecine médiévale
La médecine médiévale considérait la sauge comme l’un des piliers des soins naturels. Elle figurait dans toutes les pharmacopées monastiques, notamment dans celles des moines bénédictins qui cultivaient les « simples » dans leurs jardins. Sainte Hildegarde de Bingen, grande herboriste du XIIe siècle, la recommandait pour les troubles féminins, les problèmes respiratoires et les états de faiblesse.
La sauge faisait partie intégrante des remèdes populaires transmis dans les campagnes, où elle était connue comme la « plante qui sauve ». Elle était souvent combinée à la rue, au romarin ou à la mélisse dans des décoctions pour purifier le sang et renforcer l’organisme.
L’herboristerie, c’est prendre le mal à la racine, mais le plus important c’est de ne pas se planter !
- Paul Sammut, Docteur en Pharmacie & Herboriste
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